http://schoenelblog2.blogspot.com/ Lettre à l'Epouse 2: La franc-maçonnerie dans ses symboles 3

lundi 28 janvier 2013

La franc-maçonnerie dans ses symboles 3



Il y a trois rites de passages dans la franc-maçonnerie. Le premier est la cérémonie d’initiation : le passage du profane, celui qui n’est pas franc-maçon, au statut d’apprenti, après l’entrée dans la franc-maçonnerie, il existe deux autres cérémonies : celle de réception pour devenir compagnon et ensuite la cérémonie d’élévation pour devenir maître.

La cérémonie d’initiation confère au candidat le degré d’apprenti, premier degré commun à tous les rites et toutes les obédiences. Le profane, dont la candidature a été remise et acceptée est, avant son initiation, introduit dans le Cabinet de Réflexion. Le candidat ainsi isolé au milieu des objets qui lui rappellent la mort comme des ossements, il meurt en quelque sorte à son ancienne vie, et se prépare à une vie nouvelle. Jean-Pierre Bayard (un franc-maçon) donne une excellente définition de ce qu'est l'initiation maçonnique: L'initiation confère une influence spirituelle... Le rite d'initiation est un acte magique  étape de la seconde naissance. Le maçon se trouve en liaison avec les forces cosmiques; plus exactement les initiés forment avec l'entité cosmique un égrégore. Quand un maçon parle d’entité cosmique, il faut comprendre force occulte. La parodie du christianisme est évidente. Un maçon "chrétien" pourrait affirmer être "né de nouveau" mais il ne fera pas allusion à l'expérience décrite dans l'évangile. L'esprit reçu lors de l'initiation n'est bien sûr pas le même... En fait un maçon cesse d’être chrétien, pour peu qu’il l’ait été, car j’en ai connu hélas. Il faut toujours rappeler qu’après le baptême, qui représente la mort et la résurrection en Christ, vient l’imposition des mains qui confère l’Esprit Saint. Les deux étapes vont de pair dans le vrai christianisme et évidemment également dans le maçonnisme où un esprit diabolique s’empare alors du maçon.

Lors de l'initiation du second degré (celui de "compagnon") l'initié découvre la "gloire": elle consiste au dévoilement de l'emblème maçonnique qui est une étoile à 5 branches (pentagramme) avec la lettre "G" au milieu. Lors de l'initiation du troisième degré (celui de "maître") l'initié doit participer dans le temple à une mise en scène macabre tournant autour d'un personnage légendaire: "Hiram". Il est question de l'assassinat d'Hiram, de la découverte de son cadavre décomposé et de la résurrection de ce cadavre. L'initié doit accomplir huit voyages rituels avant de prendre place dans un cercueil. C'est le "Vénérable" qui le "ressuscite symboliquement": il est alors considéré comme une réincarnation d'Hiram.

Ainsi le voyage initiatique du franc-maçon le conduit des ossements au cercueil, symboles où la mort est omniprésente. C’est du satanisme à l’état pur. C’est une voie de substitution au christianisme, qui a pour but de remplacer la religion catholique symbole de l’âge des ténèbres, par la religion maçonne représentant les Lumières. C’est également le faire entrer dans une ère nouvelle, où le royaume est remplacé par la République frappée par la célèbre maxime « Liberté, Egalité, Fraternité ». Pour le franc-maçon, cette devise possède une force symbolique intrinsèque dont il prend la mesure lorsqu’il la prononce en loge après l’acclamation écossaise. La fraternité maçonne exprimée dans la République, revient à établir une gouvernance de facto par les autorités occultes que Paul appellerait les princes de ce monde.

Ces choses sont le minimum qu’il faut savoir pour comprendre comment les francs-maçons utilisent la Ville-Lumière comme support de leur dogme.

Dans l’étude sur les cathédrales nous apprenons que le catholicisme cherche à se substituer au christianisme,  en reprenant toutes les composantes bibliques du salut et de l’établissement d’un royaume messianique dont la finalité est l’avènement de la Jérusalem céleste. Mais avec toutes les valeurs inversées, puisque le Roi du Ciel est remplacé par la Reine du Ciel et l’Epouse terrestre est représentée par le pape. La cathédrale inscrivant dans la pierre le principe, les francs-maçons vont le reprendre en l’accommodant à leur sauce. L’idée étant cette fois de carrément remplacer la religion par la laïcité élevée en dogme cachant le fait religieux maçonnique.  On va donc suivre les étapes de la substitution qui s’effectue en trois phases, comme les trois principaux niveaux maçonniques, l’apprenti, le compagnon et le maître.

Dans une cathédrale il y aussi trois niveaux qui se développent sur deux axes. L’axe solaire d’est en ouest qui révèle le parvis, la nef et le cœur. Et un axe vertical qui part de la crypte, la nef et les vitraux.  Les francs-maçons vont donc reprendre tout ça, pour construire leur propre temple sur le même modèle, mais en plus grand, comme avec la tour Effel par rapport au Sacré-Cœur.
La première étape est la crypte qui rassemble les reliques. C’est en fait une tombe sur laquelle l’édifice repose. La pyramide du Louvre joue aujourd’hui ce rôle, cette antique tombe des pharaons permet subtilement d’enterrer symboliquement sous elle, tous les symboles religieux depuis les Sumériens jusqu’à nos jours dans le musée du Louvre. Puis de l’axe vertical, on se déplace horizontalement en suivant l’axe solaire en passant par trois portes qui symbolisent les trois étapes de la construction de l’édifice. C’est en prenant de la hauteur qu’on peut le mieux « lire » le dogme architectural. Mais nous sommes ici dans une structure aboutie qui s’est construite en plusieurs étapes, générations et régimes politiques. Les fondements c’est Napoléon Bonaparte qui les posa, puis d’autres poursuivirent l’œuvre jusqu’à aujourd’hui.

Le Louvre ce sont les rois de France qui commencèrent sa construction en la poursuivant sur plusieurs siècles. Mais c’est les francs-maçons qui l’achevèrent avec la pyramide. Ils l’ont donc finalisé selon leur vision des choses, mais l’échelonnant également sur plusieurs siècles et étapes. D’une certaine manière, les maçons achèvent l’œuvre des rois de France successeurs des rois d’Israël selon le vœu catholique, en les substituant par des chefs issus de leurs rangs. Ce sera particulièrement remarquable sous les deux empires napoléoniens.



Vu de haut, le Louvre par ses proportions ressemble étrangement au temple de Salomon, mais orienté à l’inverse. Le Temple de Jérusalem, répond lui-même au tabernacle qui est le modèle original. Le tabernacle construit par Moïse avait été fait d'après un modèle très spécifique. Le Seigneur lui avait dit en effet: “Vous ferez le tabernacle et tous ses ustensiles d'après le modèle que je vais te montrer.” L'ordre est répété en ces termes: “Regarde et fais d'après le modèle qui t'est montré sur la montagne.Exode 25:9, 40. Ces dimensions sont 2/3 pour le lieu Saint et 1/3 pour le lieu Très Saint qui forme un cube parfait.

Dans cette parodie templière, nous retrouvons un parvis avec le jardin des Tuileries et son entrée par l’arc de triomphe du Carrousel.  Puis la cour Napoléon qui fait 2 fois la suivante. Cela devient encore plus évident quand on connait la dimension de la Cour Carrée qui fait 112 m et pourrait comme un écrin, recevoir en son sein la Grande Arche cubique qui fait 110m de côté. Le temple serait donc la première étape qui mène vers le ciel et la lumière et ils le reproduisent selon le modèle des cathédrales, mais en plus grand et surtout immensément plus beau et riche, puisque le Louvre est le plus grand musée du monde, contenant des œuvres inestimables.

Le temple physique est également la représentation spirituelle du temple mystique qui représente le peuple élu lui-même. Et ce peuple se doit de vivre et marcher dans la lumière de l’instruction, pour élever son âme afin de construire dans le ciel cette Jérusalem céleste promise à tous ceux qui marchent dans la lumière. Le musée du Louvre est donc l’expression mystique de ce que l’apprenti dans les loges découvre, soit comment ouvrir son esprit tel un compas fermé qui s’ouvre progressivement à la connaissance. Le musée agit alors comme la bibliothèque de pierre que représente une cathédrale. C’est apprendre à faire parler les pierres dans leurs symboles, ce qui est la base même du maçonnisme, acquérir les outils mystiques pour construire le temple mystique. Le Conseil international des musées (ICOM) a élaboré une définition précise qui fait référence dans la communauté internationale pour définir ce qu’est un musée: « Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d'études, d'éducation et de délectation. » Le dogme maçonnique ne pourrait être mieux résumé si on le ramène au domaine de l'esprit.

L’œuvre maçonnique de Napoléon Bonaparte

Un peu d’Histoire est nécessaire pour comprendre comment on est arrivé à transformer le Louvre en temple. Durant la Révolution la plupart des loges maçonniques se mettent en sommeil. Le réveil n'aura lieu qu'avec le Directoire et surtout l'Empire. Seules quelques dizaines d'entre elles sont encore en activité après la Terreur. Avec l’ascension de Napoléon, le maçonnisme va renaitre de ses cendres et croître de plus belle. Mais attention, contrairement au catholicisme qui par syncrétisme est parvenu au dogme marial, le maçonnisme n’est pas un bloc homogène suivant un seul courant de pensée. Divers courants se sont créés au fil du temps et se mélangent entre eux dans les symboles selon les circonstances et les époques, Napoléon cherchant surtout à en garder le contrôle général.

Les symboles égyptiens, présents dans certains rites sous l'influence de l'Italien Cagliostro au XVIIIe siècle, se sont, quant à eux, répandus sous l'Empire, après l'expédition militaire de Napoléon Bonaparte de 1799, qui a déclenché une véritable égyptomanie. Tandis que les loges prospéraient sous la haute surveillance de Joseph Bonaparte, de Jean-Jacques Régis de Cambacérès et des principaux maréchaux d'Empire, le culte de la civilisation égyptienne nourrissait les arts, l'iconographie et l'architecture. «On a vu apparaître des déesses et des pyramides un peu partout», explique Raphaël Aurillac, initié à la Grande Loge nationale française et auteur du Guide du Paris maçonnique (Éd.Dervy) . Des officiers napoléoniens ont d'ailleurs fondé au Caire une loge, Les Disciples de Memphis. L'un de ses membres, de retour en France, a poursuivi cette lignée égyptienne en 1815 avec la naissance du rite de Memphis, qui a fusionné ensuite avec un autre rite, celui de Misraïm, issu de traditions ésotériques. Ce qui démontre que le maçonnisme n’hérite pas d’un courant religieux passé tutélaire commun aux différentes loges, mais se créé au fil du temps et des obsessions mystiques qui portent vers les cultes à mystères.

Ainsi, quasiment exclusivement entouré de francs-maçons connus, Napoléon initié en Égypte et secondé de Jean-Jacques, Régis Cambacérès, va donner aux frères les rênes du pouvoir en France. Cambacérès Archichancelier de l'Empire en 1804, participa à la rédaction du Code Civil. Grand Maître-adjoint du Grand Orient de France de 1806 à 1815, comme suppléant du roi Joseph Bonaparte. Napoléon lui assigna la mission de "surveiller et contrôler" la maçonnerie. Plus de 1200 loges furent constituées sous son mandat. Napoléon voulut aussi l'unité de la maçonnerie. A peine le Suprême Conseil de France (avec le rite Ecossais Ancien & Accepté) nait-il en 1804 que Napoléon impose un 1805 un Concordat et une alliance avec le Grand Orient de France (avec le rite Français). La plupart des hauts dignitaires du Régime impérial furent francs-maçons, à commencer par les frères de l'Empereur (à noter que le père de l'Empereur fut également franc-maçon).

Au Louvre, Napoléon entreprit de grands travaux, car il voulut faire de l’ancienne demeure des rois de France un sanctuaire incomparable, réunissant les trésors dispersés aux quatre coins de l’Empire, et la vitrine artistique de son règne. Modernisé, aménagé, organisé en galerie de toutes les gloires de l’Europe antique et moderne, le palais fit l’objet des soins des plus grands artistes du temps. Dans son prolongement il débuta l’arc de triomphe de l’Étoile en 1806. Les décorations maçonniques sur les façades du Louvre et la symbolique des portes masquées en arc de triomphe, révèle une seconde volonté plus ésotérique qui lie entre eux différents monuments construits sous sa direction. Surtout si on y adjoint le Parlement entre les deux. Car c’est sous Napoléon que l'on décide de dissimuler la salle des séances ajoutée au Palais-Bourbon pour accueillir le Conseil des Cinq-Cents puis le Corps législatif et répondre symétriquement au Temple de la Gloire maçonnique par un nouveau péristyle. Ainsi tout un ensemble aligné comme un fil à plomb se met progressivement en place dans la capitale.

A  la fin du Premier Empire, le temple et ses symboles associés sont définitivement en place sur trois niveaux, selon les trois grades maçonniques. Le Louvre, le Parlement et le Temple de la Gloire maçonnique, puis pour finir l’Arc de Triomphe de l’Etoile. Pour le Paris du XIXème c’est déjà énorme, mais plus tard ils iront encore plus loin, mais nous verrons cela plus tard. Ainsi en partant du temple/Louvre et en passant par les portes subjectives de l’arc de triomphe du Carrousel, datant de 1809, jusqu’à celui de l’Etoile commencé sous son règne, on comprend que symboliquement on passe du temple terrestre au ciel, ou des Frères du temple au Grand Architecte. Là encore on retrouve le nom de Babylone, la porte des dieux, ou le passage pour accéder au divin. C’est encore plus remarquable quand on retrouve une allégorie de la Reine du Ciel sur l’arc de triomphe du Carrousel qui est particulièrement symbolique.

L’arc de triomphe du Carrousel célèbre la victoire de l'armée française à Austerlitz. Le quadrige surmontant l'arc est une copie des Chevaux de Bronze de Constantin Ier, attelage ornant le dessus de la porte principale de la basilique Saint-Marc de Venise. En effet, à l'issue de la première campagne d'Italie, l'armée française menée par le général de l'armée d'Italie Napoléon Bonaparte rapporta de Venise en 1798, l'original de la sculpture comme « trésor de guerre » et la plaça sur le monument. Mais pourquoi justement prendre le symbole de victoire de Constantin ?


Car Constantin serait le premier empereur romain à se convertir au christianisme, puis aurait par une donation fait don de son Empire aux papes catholiques.  C’est évidemment totalement mensonger, mais les papes soutiennent le contraire et c’est cela qui compte. Charlemagne sacré empereur à Rome par le pape Léon III le 25 décembre 800, relèvera une dignité disparue depuis l'an 476 en Occident. C’est une forme de résurrection du Saint-Empire romain. L'Église affirme alors qu'elle doit donner la légitimité du pouvoir par le rituel du sacre. Le modèle est l'onction que reçut le roi David par Samuel dans l'Ancien Testament. Au travers de l’Empereur c’est en fait l’Eglise qui gouverne, puisqu’elle seule à le pouvoir du sacre. Le Saint-Empire germanique est ce qui restera à terme de ce mariage entre l’Eglise et l’Empire.

Le 2 décembre 1805, l’Autriche, qui, sur l’instigation de l’Angleterre, soucieuse de desserrer l’étau qui la menaçait de l’autre côté de la Manche, avait, en compagnie de la Russie du tsar Alexandre 1er, déclaré la guerre à la France napoléonienne, subissait, avec sa complice, une défaite exemplaire et cuisante à Austerlitz. Mais cette défaite n’avait pas eu de conséquences que pour l’Autriche et la Russie. En effet, depuis des siècles, les petits princes allemands, trop faibles pour se défendre seuls contre les grands prédateurs voisins, vivaient dans l’ombre et sous l’aile protectrice du Saint-Empire romain germanique, sur lequel régnait, en théorie, l’empereur d’Autriche. Après la défaite autrichienne, les princes allemands se regroupent dans une Confédération. Ce faisant les princes allemands établissaient l’acte officiel de décès du Saint-Empire, décès constaté et avalisé, le 6 août 1806, par l’empereur d’Autriche, François II. Celui-ci renonçait à son titre d’empereur d’Allemagne pour prendre celui d’empereur d’Autriche sous le nom de François 1er, empereur héréditaire d’Autriche. Ainsi ce qui restait encore en Europe du Saint-Empire romain établi par Constantin disparaissait définitivement. Quelle victoire spirituelle pour le Maçonnisme contre le Catholicisme, qui se voulait héritière de Constantin.


C’est cette victoire symbolique que l’on retrouve sur un bas-relief de l’arc du Carrousel. "La paix de Presbourg". Il montre avec précision, de la pointe du bâton de pouvoir que tient le personnage principal, le début du signe du Sagittaire, c'est-à-dire les premiers jours de décembre. Le zodiaque est ici utilisé à titre de calendrier, montrant la date du traité ainsi que la date du couronnement qui fut célébré un an plus tôt. La manière dont le sacre fut effectué devrait enlever tous les doutes sur les intentions réelles de Napoléon. Afin de montrer sa puissance, Napoléon ne va pas se faire sacrer à Rome, comme autrefois Charlemagne et les empereurs germaniques (jusqu'au XVe siècle) ; c'est le pape que l’on fera venir à Paris. Au-delà de la valeur morale qu’a pu avoir un sacre religieux aux yeux des catholiques, de la valeur symbolique d’un couronnement pontifical rappelant le sacre des empereurs germaniques, Napoléon se place au-dessus des rois européens comme successeur de Charlemagne et des empereurs de la Rome antique. La présence du pape au sacre donne juste une légitimité à l’Empire. Celui-ci n’est plus simplement le fruit d’une révolution, c’est un couronnement divin comme celui des autres souverains européens, mais qu’aucun d’eux ne peut égaler. Napoléon se place au même niveau que le souverain du Saint-Empire romain germanique avant de le dépasser pour devenir l'unique empereur en Europe. 


Le tableau du ‘Sacre de Napoléon’ donne encore quelques détails supplémentaires. La scène se déroule le 2 décembre 1804, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Or les sacres des rois de France avaient lieu habituellement à la cathédrale de Reims. Au moment où le pape allait prendre la couronne, dite de Charlemagne, sur l'autel, Napoléon la saisit et se la mit sur la tête. Joséphine reçut de lui la couronne et fut sacrée solennellement impératrice des Français, alors que le pape Pie VII, assis à droite, tend la main en signe de bénédiction. Napoléon prend ici ses distances avec le protocole monarchique et veut rompre avec l'héritage Bourbon. Néanmoins, les différents objets rappellent les regalia royales : couronne et sceptre sont présents. L'empereur est sacré et devient un monarque de droit divin auquel on doit obéissance au nom de Dieu comme l'exige le Catéchisme impérial imposé par décret impérial du 4 avril 1806 dans toutes les églises de l'Empire. La messe est dite pour le catholicisme et le maçonnisme règne enfin au travers de l’empereur. Napoléon, d’ailleurs peu sensible au sort du pape, le retient plus tard prisonnier à Fontainebleau.

Autre symbole remarquable sur l’arc du Carrousel, c’est la figure centrale, une femme puissante couronnée. La comparaison avec la Vierge placée au centre de la rosace de la Cathédrale Notre Dame de Paris est évidente. Elle y siège en Reine du Ciel associée au zodiaque. Image symbolique qui renvoie aux animaux de l’Apocalypse qui entourent le trône divin. Ainsi la Vierge remplace Dieu. Ce que la nouvelle reine gravée dans l’arc du Carrousel annonce, n’est rien d’autre que la victoire du maçonnisme personnifié par cette nouvelle reine qui détrône celle de la cathédrale. Mais elle annonce aussi l’ouverture vers une voie spirituelle nouvelle, qu’ouvrent les francs-maçons au travers de l’arc de triomphe qui joue ici le rôle d’une porte. Ainsi, comme dans le catholicisme, Satan caché derrière cette autre forme de Reine du Ciel, montre qui règne vraiment sur les hommes.

L’arc de triomphe du Carrousel serait le pendant du portail de la Vierge de la cathédrale Notre Dame de Paris, une porte qui ouvre le passage vers le ciel. Ciel représenté par la rosace symbole par excellence de la Vierge. Du portail de la Vierge à la rosace, la Vierge est toujours associée aux signes du Zodiaque, qui représente la maitrise sur le temps et le destin des hommes. Pour en savoir plus, lisez l’étude sur les cathédrales.

Si on considère l’arc du Carrousel comme le triomphe du maçonnisme sur le catholicisme, la suite logique se révèle dans les symboles qui apparaissent sur la place de la Concorde avec l’érection de l’obélisque. On a déjà vu comme se joue une parodie entre l’image de la transfiguration et l’association de la loi et de l’esprit, dans l’alignement, Parlement, obélisque et Madeleine. Mais les francs-maçons vont aller plus loin dans le symbole. Car cet ensemble monumental est, au point de vue de l'aménagement urbain, la plus importante création du Siècle des Lumières dans la capitale.

On comprend aisément que chez les francs-maçons tout est dans le symbole et que seule une lecture par ce biais permet de saisir le sens de leur action. Dans ce cadre particulier, la place de la Concorde est également riche d’enseignements, surtout si on la considère comme la seconde étape dans les grades maçonniques, celle du compagnon. Elle symbolise le passage d’une ère à une autre, le temps des monarchies et de l’Eglise à celui de la République des Frères. Sa dénomination a changé de nombreuses fois, traduisant l'instabilité des régimes politiques de la France depuis 1789 et une série d'événements joyeux, tragiques ou glorieux, certains d'une grande portée historique, qui se sont déroulés sur son sol. Elle s'est appelée place Louis XV, puis place de la Révolution après le 10 août 1792, place de la Concorde sous le Directoire, le Consulat et l'Empire, à nouveau place Louis XV puis place Louis XVI sous la Restauration, place de la Charte en 1830, pour reprendre enfin sous la Monarchie de Juillet le nom de place de la Concorde.  Y placer son symbole solaire, revient à revendiquer sa victoire spirituelle sur l’adversaire à peine désigné.

Au départ une statue équestre de Louis XV y est inaugurée le 20 juin 1763 et placée en son centre. Le roi y est vêtu à la romaine, coiffé d'un catogan et couronné de lauriers. En 1772 la place est achevée et une enceinte octogonale, pourvue d'une balustrade, bordée de fossés de 20 mètres de large et cantonnée de guérites, est créée pour ceindre ce vaste espace.  Le 11 août 1792 après la Révolution, la statue de Louis XV est renversée de son piédestal puis envoyée à la fonte. Elle est remplacée par une statue de la Liberté de François-Frédéric Lemot et la place Louis XV est alors rebaptisée place de la Révolution. Marquée par le souvenir sanglant de la Terreur et de l'exécution de la famille royale, la place de la Concorde pose un problème politique aux gouvernements du XIXe siècle. La statue de la Liberté ayant été retirée sous le Consulat, et les projets consistants à édifier une statue de Charlemagne, puis une fontaine, ayant été abandonnés, c'est finalement Louis XVIII qui envisage de bâtir au centre de la place un monument à la mémoire de son frère Louis XVI : la statue du roi martyr, encadrée d'une chapelle et d'un saule pleureur. Charles X pose la première pierre le 3 mai 1826. La même année, la place de la Concorde est rebaptisée place Louis XVI (l'inscription était toujours visible à l'angle de la rue Boissy-d'Anglas  jusqu'à récemment). Mais la statue projetée ne sera jamais élevée, interrompue par la révolution de juillet 1830, qui redonne à la place son nom définitif de place de la Concorde.

En 1831, le vice-roi d'Égypte, Méhémet Ali, offre à la France les deux obélisques qui marquent alors l'entrée du Temple de Louxor à Thèbes. Seul le premier d'entre eux sera transporté vers la France et arrivera à Paris le 21 décembre 1833. C'est Louis-Philippe Ier qui décide de l'ériger sur la place de la Concorde où « il ne rappellera aucun évènement politique », le symbole étant évidemment ailleurs. Entre 1836 et 1846, la place est transformée par l'architecte Jacques-Ignace Hittorff qui conserve le principe imaginé par Gabriel. Il ajoute deux fontaines de part et d'autre de l'obélisque et ceinture la place de lampadaires et de colonnes rostrales. La place se veut ainsi une célébration du génie naval de la France, en référence à la présence, dans l'un des deux hôtels édifiés par Gabriel, du ministère de la Marine. A priori rien de particulier ne distingue donc la nouvelle place de la Concorde. Mais ce n’est qu’a priori, car d’un point de vu symbolique le changement est énorme.




La place a été conçue par Ange-Jacques Gabriel en 1755 comme un octogone bordé par les Champs-Élysées et le jardin des Tuileries. Les fontaines, ajoutées par Hittorff, sont inspirées de celles de la basilique Saint-Pierre de Rome. On reproduit donc une réplique de la place vaticane ce qui met immédiatement en relief l’aspect spirituel des deux places. Aspect souligné deux fois par les octogones de Gabriel et des statues allégoriques de huit villes françaises qui reprennent  le contour de l'octogone initial imaginé par Gabriel. Mais pourquoi avoir imaginé une structure octogonale ?

L’octogone en religion représente deux carrés imbriqués. Cet octogone unit le carré de la terre au cercle du ciel ; on retrouve ce symbolisme dans de nombreuses cathédrales, à la croisée du transept, où le carré se transforme en coupole par un octogone. Le huit assure donc un rôle de médiateur entre les mondes donnant son équilibre à la manifestation, à l’image de l’homme  accompli, liant les mondes. Les fonds baptismaux des églises, où naît symboliquement l’Homme divin, sont ainsi construits sur l’octogone. Le principe on le retrouve à Rome dans l’église mère de toutes les églises, la cathédrale de Latran, siège de l’évêque de Rome, le pape. Le baptistère du Latran est le baptistère qui a servi de modèle à tous les baptistères de la chrétienté du Haut Moyen Âge. De plan octogonal, surmonté d’un dôme, il dépendait de la cathédrale de Rome, à laquelle il a été relié par une construction tardive. Il est réalisé sous sa première forme à la demande de Constantin Ier, premier empereur romain chrétien, aux alentours de 312-313.


L’octogone renvoie donc au fondement de la foi catholique, à son baptême dans les eaux et à l’Eglise elle-même. C’est encore plus évident quand on relie les symboles d’eaux entre eux. Les deux fontaines monumentales symbolisent la Fontaine des Mers et la Fontaine des Fleuves. Outre les fontaines, la place est entourée de colonnes rostrales qui portent des proues de navire, qui évoquent également l'emblème de la Ville de Paris. La place se veut ainsi une célébration du génie naval de la France, en référence à la présence, dans l'un des deux hôtels édifiés par Gabriel, du ministère de la Marine sur lequel en levant les yeux on retrouve l’équerre maçonnique.


 L’idée générale devait être étudiée de longue date si on se réfère au blason de Paris de 1811, avec trois abeilles et la déesse Isis assise à la proue de la nef, car ici où tout est maçonnique. Symbole qui fut largement utilisé au milieu du XIXe siècle, il s'agit de la ruche. A l'image de l'abeille, le franc-maçon trouve toujours le chemin de la lumière, afin de travailler à produire le miel de sa vie, et à le partager en dehors du temple. Si les Francs-Maçons portent le titre symbolique d’ « Enfants de la Veuve », c’est en raison d’une tradition essentielle : celle des mystères d’Isis, la Veuve par excellence, qui parvint à rassembler les parties dispersées du corps d’Osiris, son époux assassiné et à le ressusciter. Dame de l’acacia, fondatrice de l’Art royal, Isis apparaît comme la mère des initiés et des bâtisseurs des temples.

La place de la Concorde affiche dans ses symboles la volonté maçonnique de se substituer spirituellement à l’Eglise, en offrant une alternative au pontife romain et sa Reine du Ciel. Dans leur folie sans le savoir il se place sous la même malédiction et le même jugement que la grande prostituée. Ap 17:1  Puis un des sept anges qui tenaient les sept coupes vint, et il m’adressa la parole, en disant : Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux… Ap 17:15  Et il me dit : Les eaux que tu as vues, sur lesquelles la prostituée est assise, ce sont des peuples, des foules, des nations, et des langues… Car dans la Bible les eaux représentent les hommes et la femme la religion corruptrice, qui se confondent en France dans le maçonnisme et le catholicisme, l’un essayant de chasser l’autre. Ainsi toute la place de la Concorde se structure pour révéler à l’initié que le maçonnisme  agit comme une religion de remplacement du christianisme.

L’étape suivante est l’arc de triomphe de l’Etoile, ou dit autrement la porte de l’Etoile, que les Babyloniens auraient nommé porte d’Ishtar. Sa construction débute sous Bonaparte, mais sera achevée trente ans plus tard sous Louis Philippe qui érigea également l’obélisque. S'inspirant du style antique, chaque pilier est décoré d'un haut-relief représentant de grandes batailles militaires, qui sont particulièrement misent en valeur chaque 2 décembre, le jour anniversaire où brilla le soleil d’Austerlitz qui se lève encore aujourd’hui dans l’axe de l’Arc de Triomphe. Vu du ciel le pavage dessine d’ailleurs nettement la forme d’un soleil, ce qui accentue bien la volonté symbolique de le présenter comme un symbole solaire.


Sur l’arc de triomphe  de l’Etoile  les symboles se bousculent et comme un mille-feuille se superposent. Comme dans la Rome antique dont l’Empereur Napoléon reprend les symboles à son compte, un decumanus qui est une voie orientée d'est en ouest c’est formé du Louvre à l’arc de triomphe, renvoyant à l’image de la fondation des cités romaines. Comme si on voulait refonder une nouvelle Rome et sa voie sacrée, cœur de l’Empire. Napoléon Ier, au lendemain de la bataille d'Austerlitz déclare aux soldats français : « Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de Triomphe » et par un décret impérial en date du 18 février 1806 ordonne la construction de cet arc de triomphe consacré à perpétuer le souvenir des victoires des armées françaises. Son projet initial était d'en faire le point de départ d'une avenue triomphale traversant notamment le Louvre et la place de la Bastille. C’est une reconstitution de la Via Sacra qui voyait le défilé du général vainqueur et de ses soldats lors de la célébration de leur triomphe, dont l’arc n’est que le monument qui sert à immortaliser le haut fait militaire et surtout l’empereur victorieux.

Dans l’arc de l’Etoile, le symbole solaire est omniprésent. Jusqu’en 1854, cinq voies seulement rayonnaient de cette place. Napoléon III décida, le 13 août 1854, l’aménagement de la place de l’Etoile dont la direction fut confiée au Baron Haussmann. En 1857, on ouvrit sept autres voies. Douze avenues rayonnèrent dès lors d’une façon rigoureusement géométrique de cette place de 240 mètres de diamètre, convergeant toutes vers l’Arc de Triomphe, monument qui est à l’origine du développement de tout le quartier. Entre cette place et cette rue, Hittorf édifia douze hôtels particuliers d’architecture symétrique, aux façades uniformes. Pour tout astrologue la symbolique de cette place est plus que clair : nous avons douze signes zodiacaux qui reconstituent la voute céleste.


La symbolique solaire se retrouve aussi dans l’œuvre militaire de l’empereur qui se retrouve dans les allégories sculptées sur ses faces. Louis-Philippe reprit la pensée initiale de Napoléon et avec  Adolphe Thiers décide du choix des thèmes et des sculpteurs. Départ des volontaires de l’An II, 1793 groupe dit « La Marseillaise », Paix de Vienne 1810, Résistance de 1814, Paix de 1815. Le déroulement s’échelonne comme une année solaire déclinant ses saisons en commençant par le printemps révolutionnaire, puis un soleil au zénith par le triomphe de 1810 et à la naissance d’une nouvelle dynastie faisant référence à l’Empire romain par la naissance du roi de Rome, puis l’automne de la Résistance de 1814, le soleil y décline c’est le début de la chute avant l’hiver et la paix qui scelle la fin de l’Empire. On pourrait même ajouter que le soleil se couche avec la mort de l’empereur, faisant de l’homme un quasi-dieu antique. Ainsi l’homme éclairé par la mystique maçonnique, devient lumière lui-même et même un soleil quand il accède aux plus hautes sphères du pouvoir. C’est le degré ultime et le plus haut grade maçonnique qu’on exalte ainsi, celui du maître.

A l’Hôtel des invalides, la symbolique maçonnique de l’illuminé élevé en gloire tel un soleil  divin va prendre toute sa mesure. Car là encore un mille-feuille symbolique superpose les symboles afin de bien mettre en relief la supériorité de l’empereur sur l’Eglise. Les francs-maçons vont utiliser tout l’édifice comme un livre de lecture à l’image des cathédrales. Image parfaite, puisque l'église Saint-Louis des Invalides où repose Napoléon, a été élevée au rang de cathédrale du diocèse catholique aux Armées.


De nouveau un peu d’histoire s’impose. L’hôtel des Invalides est un monument parisien dont la construction fut ordonnée par Louis XIV par l'édit royal du 24 février 1670, pour abriter les invalides de ses armées. Le Roi avait fait construire par les meilleurs architectes du temps de vastes bâtiments susceptibles de recevoir 3000 pensionnaires compte tenu des normes de l'hygiène les plus modernes pour l'époque (bains, latrines, salle aérée). La place d'honneur est réservée à une église sous l'invocation de saint Louis, roi de France. L'église a été ouverte pour les soldats en 1679. Ils étaient tenus d'y assister à la messe quotidienne. Dans l'esprit de Louis XIV, l'Hôtel des Invalides doit non seulement être un hôpital, mais, en outre, dans une certaine mesure, un monastère.

Le financement de la fondation de l'institution des Invalides fut assuré notamment par le patrimoine des anciennes léproseries qui n’avaient plus d’utilité avec la disparition de la lèpre. En vue de parvenir à cette fin, le ministre de la guerre Louvois recourt à un intermédiaire. Ce sera l'ordre du Mont Carmel fondé en 1608 par Henri IV et uni à l'ancien ordre de Saint Lazare de Jérusalem lui-même fondé jadis en Terre-Sainte au service des lépreux puis rapatriés en France après la chute du royaume latin de Jérusalem. Conseillé par Louvois, Louis XIV va ranimer cet ordre oublié en lui cédant le patrimoine des ordres militaires éteints - dont celui du Saint-Sépulcre - ainsi que celui des " maladreries et léproseries, avec l’ensemble tous les hôpitaux, Hôtel-Dieu et d'autres lieux pieux" où l'hospitalité n'est plus assurée (Edit de décembre 1672). Le roi précisait qu'il ordonnait cette cession considérable de biens pour permettre à lui-même et à ses successeurs d'en disposer "en faveur des officiers et soldats de nos troupes". Louvois veille d'autant mieux à l'application de l'édit qu'il se fait nommer dès février 1673, vicaire général de l'ordre de Saint Lazare. Ayant ainsi résolu les problèmes matériels posés par l'institution des Invalides,  le "Roi très chrétien" se devait aussi d'en régler les spirituels. Le spirituel étant matérialisé par l’église. Il s’agit alors de créer un édifice où le roi et ses soldats puissent simultanément entendre la messe tout en y pénétrant par des accès différents comme l’exige l’étiquette. Hardouin-Mansart imagine une solution qui associe avec cohérence et harmonie une église royale, dite “Dôme des Invalides”, et une église des soldats achevée en 1679. C’est dans ce dôme que Napoléon repose.

Jules Hardouin-Mansart avait prévu de doter l'église des Invalides d'une colonnade inspirée de celle de la basilique Saint-Pierre de Rome, mais moins complexe que celle-ci. La colonnade devait être indépendante de l'église afin de laisser à celle-ci son autonomie monumentale. Elle se serait appuyée à quatre pavillons, coiffés de petits dômes, qui auraient atteint la hauteur du socle rectangulaire de l'église. Là aussi on cherche à reproduire la place de Rome, mais dans un esprit différent de Napoléon avec la place de la Concorde. Car ici le Roi Soleil devait se représenter comme successeur de Saint-Louis, le chef de l’armée au service de l’Eglise.  Car n’oublions pas que les rois de France étaient devenus grâce aux artifices mensongers catholiques, la suite logique des rois d’Israël, mais au sein du nouveau peuple de Dieu représenté par le monde catholique.  C’est d’ailleurs ce qui est suggéré dans la fresque du Dôme où on retrouve, les Apôtres, Louis IX (Saint Louis), Jésus-Christ : Saint-Louis remettant son épée à Jésus-Christ après avoir vaincu les infidèles. Saint-Louis combattit tout ce qui s’opposa à l’Eglise, les Hérétiques, les Juifs, les Musulmans, ce qui lui valut les honneurs de la canonisation.


L’église royale, dite “Dôme des Invalides”, représente donc symbolique le siège de l’autorité royale, et pas n’importe quel roi, le Roi Soleil Louis XIV. Quand on l’associe à la fresque de Saint-Louis qui voulut bâtir une nouvelle Jérusalem avec sa Sainte Chapelle, tout le dôme qui représente le ciel avec ses apôtres, dépeint le roi comme un successeur du Christ dans la royauté terrestre, un mashiah français en quelque sorte, faisant du roi un dieu terrestre.


Maintenant si vous tournez votre regard vers le bas, vers la crypte, vous retrouvez le pendant du dôme, comme son reflet, avec le sarcophage de Napoléon entouré de douze statues symbolisant ses victoires. La crypte des cathédrales conservait en général la relique d’un saint, le lieu sacralise donc Napoléon, le soleil qui entoure le sarcophage renvoie au ciel de la coupole, ainsi que les 12 victoires reprenant l’idée d’un zodiaque astral complétant l’image de la voute céleste. D’une certaine manière, les francs-maçons reprennent au travers des symboles de la tombe de l’empereur, les attributs royaux pour mieux marquer la passation des pouvoirs régaliens et spirituels sur le royaume et l’Eglise. Napoléon serait même un achèvement et une apothéose, si on se réfère au fait que dans son ultime sarcophage, Napoléon est vêtu de l’uniforme vert des chasseurs de la garde, sa tête est tournée du côté de la place Vauban, donc orienté au Sud, vers le Soleil à son Zénith. 


Image renvoyant au sarcophage de marbre noir réalisé par le sculpteur Antoine Etex près du tombeau, où Vauban est représenté à demi-couché. Il tient un compas et médite sur ses écrits. Il est encadré par les figures de la Science, voilée et de la Guerre, casquée. Le sarcophage est surmonté d'un obélisque encadré de drapeaux et d'étendards, où il préfigure les philosophes du Siècle des Lumières. Une inscription et un bas-relief sur le socle rappellent le projet de dîme royal de Vauban et valorisent la dimension politique et réformatrice de l'œuvre de Vauban par rapport à la noblesse, c’est ce que représente le compas maçonnique de l’ouverture d’esprit. Vauban est ainsi mis à l’honneur par les francs-maçons qui le considère comme un précurseur du maçonnisme français. Juste en face on retrouve le tombeau de Turenne également avec son obélisque de marbre noir. Les deux plus grands maréchaux du Roi Soleil flanqués d’un obélisque, gardant le sarcophage d’un quasi-pharaon, quel triomphe pour le maçonnisme sur le catholicisme.

Mais les symboles maçonniques ne s’arrêtent pas là, tout un code de couleurs entoure le sarcophage de Napoléon en partant du marbre noir de la base du sarcophage, au blanc des 12 statues, on passe ainsi de la nuit à la lumière, symbole cher aux maçons, qui enveloppent  l’empereur lui-même dans un marbre rouge qui symbolise le soleil levant. Une autre image biblique du Christ lui-même appelé l’étoile du matin en 2 Pi 1:19  Et nous tenons pour d’autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à paraître et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs.

De manière évidente, les francs-maçons cherchent à remplacer la monarchie et le catholicisme par des valeurs qu’eux même établissent et remplacent. Aux Invalides Napoléon est vraiment représenté comme un pharaon qui remplacerait le Christ et un empereur qui supplante les rois. Les vases contenant le cœur et l’estomac revoient à l’image des vases canopes égyptiens qui complètent l’image égyptienne du sarcophage. Les symboles que l’on représente ainsi ont un sens initiatique, car il présente l’empereur comme un homme ayant atteint les plus hauts degrés maçonniques et brillerait comme un soleil éternel. Tel un pharaon antique qui en Égypte par son essence divine, sa conception, sa naissance et son éducation, sa vie entière était la pierre angulaire d’un système immuable qui tourne comme dans un cadran solaire. Il est le premier Roi-Dieu qui succède à Horus, le dernier Dieu-Roi ayant laissé le monde terrestre à son successeur après son envol. Le pharaon est l’hypostase permanente (représentation ou support physique) de Dieu sur terre. Puisqu’il est d’essence solaire, on dit qu’il se lève et se couche comme le soleil. Il est entouré de rites et de symboles qui font de lui un divin authentique. Sa mort n’a pas la même portée que pour les humains, car, tel le faucon Horus, il quitte la terre en s’envolant vers le Ciel qui est la demeure de ses ancêtres divins ou divinisés. Il devient aussi un rayon de soleil qui revient chaque matin lors du retour cyclique de l’astre à l’horizon oriental. A la lecture des attributs d’un pharaon, on comprend mieux désormais pourquoi tant de symboles égyptiens entourent la vie et l’œuvre de l’empereur initié en Égypte. Car il est l’archétype d’un maçon accompli.

Napoléon n’a pas uniquement posé les fondements du nouveau temple maçonnique, mais lui également donné un corps d’élus chargés de diriger la Nation, un temple mystique. Mais la chute de l’empereur va entrainer celles des maçons. Les premiers mois de la Restauration, vont être pour la franc-maçonnerie une période noire pour les loges, car Louis XVIII veut procéder à une épuration des cadres de la nation. La police royale mène des enquêtes sur les francs-maçons qui ont joué un rôle important pendant la Révolution et sous l'Empire. De nombreux Frères seront chassés de l'administration. Pour ne pas disparaître, le Grand-Orient et le Suprême Conseil de France (nouvelle obédience créée en 1821) vont afficher leur loyalisme. On saluera leur courage et abnégation pour suivre les principes qu’ils élèvent en vertu et cela en dit long sur la nature de l’esprit qui les anime. De plus, suite aux excommunications répétées de l'Église catholique, devenues applicables en France depuis le Concordat, les catholiques quittent progressivement les loges, qui, par contrecoup, deviennent de plus en plus anticléricales, ou dit autrement, laïques.

Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon qui était président de la République depuis 1848 restaure l'Empire en décembre 1852. Napoléon III, lorsqu'il était encore Louis-Napoléon, fils de la reine Hortense, avait été initié dans une vendita et avait prêté le serment des carbonari, qui exigeait un dévouement total, jusqu'à la mort. La Charbonnerie était la cousine italienne de la franc-maçonnerie, mais elle était nettement plus politisée. Son but était l'unification de l'Italie. De cette expérience, Napoléon « le petit » (comme le surnommait Hugo) retint une leçon : il ne faut pas interdire les sociétés discrètes ou secrètes, car elles se reforment et deviennent dangereuses. Comme son oncle, Napoléon III contrôle la franc-maçonnerie en plaçant ses hommes. Il obtient du Grand Orient de France que celui-ci élise le Prince Murat à la Grande Maîtrise. En 1862, le Grand Orient ayant obtenu que celui-ci ne se représente pas, Napoléon III décida de nommer lui-même son successeur, en la personne du Maréchal Magnan qui n'était pas franc-maçon et auquel il fallut conférer rituellement en toute hâte les 33 degrés de l'écossisme.

Napoléon III créa la Société civile et l'une des premières décisions sera de signer le 29 mars une circulaire relative à l'érection d'un temple digne de la Maçonnerie Française. Ce temple sera édifié au 16 rue Cadet, 1853/1854. Il est aujourd'hui le siège du Grand Orient et du Grand Collège des Rites. En remodelant la ville de Paris avec ses grands boulevards et nouveaux bâtiments, Napoléon III va également pouvoir achever l’œuvre de son illustre oncle, notamment  autour de l’Arc de Triomphe de l’Etoile.  La modernisation de la ville de Paris sera la marque prépondérante du Second Empire et une période faste pour les Champs-Élysées. On va y construire de luxueuses demeures pour en faire la plus belle avenue du monde. On créé ainsi un ensemble cohérent et bien rectiligne au cœur de la capitale, où les symboles  maçonniques seront alignés pour former un ensemble harmonieux selon les principes des loges. Ainsi le neveu complètera l’œuvre de son illustre oncle, pour finalement glorifier non pas seulement l’homme, mais également cette nouvelle religion qui le divinisera, en l’élevant à un grade qui doit éclipser le Christ en France.

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